Archive for the ‘Non classé’ Category

L’indignation comme appel à la participation

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Stéphane Hessel a l’indignation communicative.
La force de ses convictions, son écoute de la souffrance, de l’exclusion et de l’injustice, comme sa patience à faire avancer la défense des droits ou l’entente entre les peuples font naître l’espoir que sa protestation, avec la force de son humilité, ne soit pas sans suite. Ni déformée ou détournée par les indignés professionnels dont les fonds de commerce se portent bien des statu quo.

Une aussi large indignation appartient aux citoyens. Ils peuvent l’amplifier s’ils souhaitent qu’au-delà des registres de l’émotion, elle ouvre, sur la voie de la raison, les chemins des engagements et des changements nécessaires.

Si les citoyens considèrent qu’il revient aux gouvernants et à la fois aux gouvernés de transformer ces cris et ses crises en réflexions et constructions collectives… Si s’avère possible de mettre en commun l’information et les données sur notre société qui en font mieux comprendre la complexité, ainsi que les causes de nos difficultés à la conduire… Si les diagnostics sont partagés et discutés … Si les gens sont autrement pris en considération et les désaccords respectés … Si des points de vue divers sont agrégés et des plages de compromis recherchées …
Une perspective de vrais débats publics pourrait alors s’ouvrir.
Peut-on espérer des pratiques nouvelles de participation des citoyens à l’élaboration des décisions d’utilité publique. Comprendrait-on qu’ainsi les mandats de leurs représentants se ressourceraient ?

Beaucoup de si ! Le souhaitable est-il impossible ou seulement improbable ? Il serait dangereux pour la démocratie de laisser cette montée d’indignation retomber comme un soufflé.
La balle est dans le camp des dirigeants éclairés, des partis politiques capables de donner pour eux-mêmes l’exemple de concertations ouvertes. Aussi des associations, des groupes et réseaux d’initiatives citoyennes plus ou moins organisés dans la société civile.

A suivre. De près.

Written by Pierre Zémor

janvier 19th, 2011 at 11:23 am

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Pronostic mitigé

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Beauté d’un épais manteau de neige et pagaille automobile.
Révoltes ravalées et réformes absorbées.
Euro de défense et de vulnérabilité.
Banques confortées et crises accentuées.
Orientations maintenues et ministres remaniés.
Police entachée et justice écorchée.
Exclusions mal vécues et droits défendus.
Brutalité et solidarité.
Fuites d’information et communication colmatée.
Complexité négligée et quelques responsabilités assumées.
Brumes des moyennes et simplisme de la démocratie d’opinion.

Ici une petite parenthèse s’impose.
Sur les modes sondagières qui s’avèrent être des sondes mensongères.
Vous avez dit intention de vote ?
Cher sondeur, mes préoccupations actuelles ne me mettent pas encore dans la peau d’un électeur.
Je pourrai certes jouer avec vous, avec des états-majors et des politologues à tester des scenarii, des opportunités…
Ou figurer dans le flou de vos instantanés photographiques d’opinions très fluides.
Ainsi contribuer aux intérêts commerciaux de médias à effets d’annonces quasi quotidiens.
Alors sans engagement de ma part sur un vote éventuel.
Repassez me voir ou rappelez-moi 6 ou 2 semaines, voire 1 ou 2 jours avant le dimanche électoral.
[Dans la rubrique « Articles » de ce site voir Rebonds du Libération du 5 décembre – non distribué. Il y est dit que le paradis des sondages est pavé de mauvaises intentions de vote ]

Ainsi oscillent les images.
Deux plateaux de la balance.
2010 et 2011 ?
Persistances et changements.
Regrets et souhaits.
Lucidité et vœux mitigés.
Place aux bonnes surprises ?

Cordialement, bonne année.

Written by Pierre Zémor

décembre 23rd, 2010 at 8:00 am

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Un réseau des communications publiques européennes : le sursaut des professionnels face aux difficultés de la construction de l’Europe

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Le défi est toujours de parler à un continent dans le langage du quartier. La crise a un instant fait penser que l’Union Européenne pourrait sortir bénéficiaire. Mais, sans que soit traitées ses causes profondes, elle languit et peut brutalement rebondir en aggravant les forces centrifuges identitaires et nationalistes qui sont à l’œuvre contre le délicat processus de la construction de l’Europe.

La feacp (fédération européenne des associations de communication publique) a organisé, sur le sujet de la communication des institutions publiques dans ce contexte, une rencontre le 11 juin 2010 à Madrid, sous la Présidence espagnole de UE. [voir l’article En tiempo de crisis, cómo comunicar mejor con los ciudadanos europeos ? ]

Sous la Présidence belge de UE, les 12,13, 14 octobre à Bruxelles (au Parlement européen et au Comité des régions) s’est tenu EuroPCom, une manifestation qui a rassemblé plus de 600 personnes, sur le thème « La communication dans et sur l’Europe ».

Le soutien – et l’entente de bonne augure  dans une période difficile – des gouvernements fédéral belge, de la Flandre et de la Wallonie a permis le lancement du réseau des communicateurs publics européens EuroPCom, dans lequel la feacp a déclaré se fondre. [voir la note Contribution de la feacp et les communiqués : Déclaration de la feacp et Appel pour EuroPCom ].

Ce réseau va se construire autour d’un noyau central des communicateurs publics professionnels. Il a pour premier objectif la présentation, l’illustration et la mise à disposition des meilleures pratiques, avec l’ambition de repenser la communication en associant les citoyens [voir l’article dans Le Soir de Bruxelles du 14 octobre]. Ce réseau pourra ensuite s’élargir ou se lier à un Collège partenaire des personnes en charge de la communication dans les institutions communautaires, ainsi qu’à un cercle d’experts, de chercheurs et formateurs.

Tous nos vœux !

Written by Pierre Zémor

octobre 22nd, 2010 at 8:20 pm

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Vous avez dit « réseaux » ?

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Le web offre à la communication une occasion historique. Un progrès de civilisation. Avec Internet, les réseaux ne sont plus seulement des ensembles d’ordinateurs et de terminaux interconnectés pour transmettre des informations numériques, mais un mode planétaire de partage et d’échange d’écrits, d’images, de sons et de sensations.

Cette révolution apporte l’espoir de modifier profondément les registres univoques des communications historiquement limitées au faire savoir, à la propagande ou à l’injonction. L’accès au savoir, largement ouvert, s’accompagne de l’initiative proposée à chacun de faire connaître son opinion, partout et à tout le monde, d’intervenir sur les contenus et d’engager le débat dans l’espace public.

Quelle résilience pour la communication hiérarchisée, promotionnelle,  réplétive et décriée ?

Les promesses de relations réticulaires paraissent encore freinées par les résistances centralisatrices qui ne conçoivent de maillage que sur le modèle en étoile du réseau ferré français.

Et, derrière la toile tissée, l’araignée n’est pas forcément institutionnelle. On peut tomber dans des rets embusqués sur facebook, twitter ou sur les réseaux dits sociaux. C’est que les usages du web donnent une nouvelle jeunesse, non seulement aux réseaux de l’intelligence collective et de la protestation, mais aussi aux réseaux communautaires, sectaires, d’espionnage et de terreur.

Dans le monde numérique, parmi les créateurs les plus actifs, pirates et hackers portent, d’après certains, la menace d’une telle dissémination terroriste d’armes de destruction massive qu’on en viendrait à regretter les périodes des conflits et des commandements militaires traditionnels.

Ce sont les revers de la démocratisation, dus aux déficits d’information, de pédagogie, de dialogue et de concertation. Résonance et raisonnable n’ont pas les mêmes racines. Une autre communication, y compris sur le web, peut- elle tenter une hybridation salutaire ?

Pas de résignation !

Written by Pierre Zémor

septembre 12th, 2010 at 9:36 am

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Entre consommation et information, la société de communication ?

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Le 21 mai, après son Assemblée générale et un colloque autour d’Yves Cannac et Jean-Paul Delevoye, Communication publique, par la bouche de son nouveau président, Bernard Emsellem, m’a rendu un hommage, solennel et amical, auquel j’ai été très sensible, pour mes rôles de fondateur, d’animateur de l’association, de défense et d’illustration de la communication publique.

Mes remerciements comportaient quelques propos pour revendiquer, une fois de plus, que la parole publique donne des gages d’authenticité en associant mieux les citoyens à la conduite de l’action publique,

En effet, la société de communication a grand mal à émerger – elle doit jouer des coudes – entre la société de consommation et la société de l’information.

La société de consommation a eu ses 30 glorieuses, artificiellement prolongées dans le dernier quart du XXème siècle :

  • avec ses crédos de progrès et de croissance,
  • avec des apports et des instruments de communication éprouvés : publicité, marketing, politique de marque, …
  • avec des influences et une prétention hégémonique de la communication des entreprises sur les communications des institutions publiques, de la politique, des médias, des associations et initiatives de la société civile.

On a atteint un haut niveau d’effets pervers du paradigme de la concurrence régnant sur les marchés de consommation. Cette quasi-idéologie conduit à :

  • négliger l’investissement, le long terme et la durée,
  • privilégier la vitrine plutôt que le laboratoire,
  • aggraver la hiérarchie entre marketing et R&D et valoriser de manière inconsidérée la chaîne « chercheur – ingénieur – producteur – financeur – vendeur – spéculateur »,
  • subir les effets des dérives financières et spéculatives des marchés de biens et services,
  • à mal entendre la prise de conscience écologique…

La société de l’information, née sur le territoire du journalisme, s’est largement imposée en 20 ou 30 ans par la télé informatique, le numérique et les usages du web. Elle peut se prévaloir :

  • d’un remarquable accès à l’information et au savoir, mais sans grande garantie sur les contenus,
  • de promesses d’interactivité, assez vite occultées par les méthodes promotionnelles de séduction du client, parfois sous le masque du gratuit,
  • de facilités à proposer des images spectaculaires ou des instantanés d’événement, apportant ainsi un second souffle à la société de consommation,
  • de bouleverser le monde des médias par une concurrence sauvage sur le terrain de l’immédiateté qui sacrifie les valeurs ajoutées des professionnels.

Faisant illusion, elle rend difficile l’avènement d’une vraie communication.

La société de communication, doit avant tout se défier de l’instantanéité pour s’établir, car elle doit faire prévaloir :

  • le partage de l’information, c’est-à-dire la mise en commun du savoir,
  • l’échange, dans le dialogue, la discussion, la consultation et la concertation,
  • le débat public comme aboutissement de l’information et de la communication, car c’est le débat contradictoire qui reste la clé pour approcher les vérités humaines, le compromis social et pour trouver un langage commun rationnel,
  • la valeur du temps pour reconnaître l’autre, prendre en considération le récepteur, respecter le citoyen, découvrir l’étrangeté, créer l’empathie et faire jouer la solidarité,
  • le temps qui permet de recouper l’information et de la situer dans la mémoire collective.

Pour ajouter à une éthique de l’individu, libre de son choix, une éthique de la vision collective de la société, la communication – une vraie communication – doit satisfaire aux critères du temps, de l’écoute, de la précaution, de la pédagogie, de la discussion.

Mieux associer les citoyens à l’élaboration des décisions est probablement, face aux terrorismes, nihilismes, égoïsmes, pessimismes, la voie – peut-être la seule – de secours de la démocratie.

Written by Pierre Zémor

juin 2nd, 2010 at 6:16 am

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Communiquer le sens de l’intérêt collectif

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Puisque ce site « pierrezemor.fr » (en construction depuis le 7.03.2010) est maintenant ouvert à quelques lecteurs, je ne me priverai pas de donner libre cours à une « humeur » qui n’est blogueuse que par l’empilement chronologique de brèves réflexions.
Je ne me sens pas tenu à une fréquence soutenue d’émission. Je n’ai ni le souhait, ni surtout la disponibilité d’échanges foisonnants … qui tariraient bien vite ma source d’inspiration.
Même lorsqu’ils se prétendent de portée large, mes registres sont limités (méthodes et maïeutique du conseil, formalisation de démarches surtout de concertation, progrès du débat public, communication des institutions et des décisions publiques, communication politique, professionnalisme et l’indépendance des médias…).

Tout ce qui contribue à repenser l’intérêt général et à ajuster l’expression de l’utilité publique me paraît aujourd’hui essentiel.
C’est la fin des crédos néoclassiques ou monétaristes de l’adaptation des prix pour réguler offre et demande sur des marchés concurrentiels. On peut craindre aussi la faiblesse des recettes keynésiennes, dont le volontarisme se heurte aux destructions spéculatives de la valeur du travail. Ou encore que s’évanouissent tous les grands projets, sous le regard myope d’agences de notation privées des bons critères de développement durable.
C’est sur le registre socioculturel qu’il faut donner du sens aux remarquables progrès techniques dont nous savons mal partager les bénéfices.
Échanger l’information, mettre en commun le savoir, expliquer et dialoguer dans son quartier, comme à l’échelle de la planète : l’urgence est au lien social susceptible d’encourager l’autonomie et à la fois de faciliter les intelligences et les communications collectives.

Voilà pour l’humeur !
Bien entendu, je me ferai un plaisir d’aborder, dans les limites de mes compétences, un sujet qui aura été signalé à mon attention.

A bientôt donc.

Written by Pierre Zémor

mai 7th, 2010 at 12:00 am

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La mauvaise pente de la communication politique

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D’après le Figaro du 23 février, le lobbying reprend en vue de modifier la loi encadrant la communication politique. J’évoque le sujet avec Michel Rocard qui a fait l’objet d’amicales invitations à diner. Nous nous sommes vite accordés pour dire que cela serait mal venu.
La très faible participation aux élections régionales a mis en évidence, une fois de plus, que les politiques ne savent pas s’adresser aux citoyens pour les intéresser au fonctionnement de la démocratie ou pour les convaincre de leurs bonnes intentions, ni pour les associer peu ou prou à la conduite de l’action publique.
Les candidats et les partis sont obnubilés par la conquête du pouvoir, plutôt que par son exercice. De leurs côtés, les médias, essentiellement attachés à l’actualité et aux anecdotes, sont coresponsables d’une communication qui se borne aux effets d’annonce, aux auto satisfactions, à des évitements ou à des règlements de comptes.

Depuis les années 80, les Français n’admettent plus d’entendre les bruits des campagnes électorales venir interrompre, juste quelques semaines, les longs silences du déroulement des mandats. Ils ont manifesté un certain écœurement à l’égard d’une communication électorale restée à l’heure de la propagande, dispendieuse en slogans simplistes et à l’origine des dérives peu glorieuses du financement de la politique.
Aussi la loi dite Rocard du 15 janvier 1990 a-t-elle été accueillie comme une utile contribution à la moralisation de la vie politique.

Déjà en partie voulu par Jacques Chirac, le plafonnement des dépenses électorales s’imposait, comme la transparence des ressources des partis politiques et le suivi des comptes de campagne. Depuis 1991, plus de cinq lois sont intervenues pour s’ajuster aux réalités. Peut-être faut-il encore accepter de relever quelques plafonds ?
En revanche, de l’avis de Michel Rocard, ce serait une grave erreur que de toucher aux principes de deux dispositions essentielles.
Un, on doit absolument éviter de ravaler la politique au rang d’une marchandise pour consommateurs passifs. Les citoyens aspirent à être associés à l’élaboration de l’offre politique. Il en va de la qualité du vivre ensemble.
Deux, les actions de communication électorale ne doivent pas bénéficier du financement public des collectivités concernées par un scrutin, pour des raisons évidentes de neutralité et pour que les candidats sortants n’abusent pas de rentes de situation.

Ainsi, tout d’abord, le premier alinéa de l’article L.52-1 du code électoral, écrit par ladite loi, interdit l’utilisation de tout procédé de publicité commerciale par la voie de presse ou par tout moyen de communication audiovisuelle à des fins de propagande électorale pendant les trois mois précédant un scrutin et pendant le déroulement des opérations électorales.
En dépit des protestations des professionnels de la publicité, cette disposition a été bien accueillie pour la dignité des acteurs de la démocratie [après le point de vue de 17 publicitaires : «Il faut débrider la communication politique», dans Le Figaro du 15.11.06, voir dans « Articles », la réponse du 19.11.06 de Pierre Zémor: « Cessons de dévoyer la communication politique »]. Candidats et élus se portent mieux de pratiquer une communication de conviction que de se bercer des illusions d’une communication de promotion. Les citoyens applaudissent le coup d’arrêt mis aux dérives de la com’ politique. Les militants trouvent à mieux utiliser des moyens modestes dans une communication de proximité et de dialogue,  par petites réunions et en allant à la rencontre des gens.
Le lobby des agences n’a pourtant pas désarmé. Il revient à la charge pour que la communication politique soit « libérée des entraves mises à sa liberté d’expression»… Est-elle oubliée la leçon de ce premier tour de la présidentielle de 2002 égaré en publicité comparative entre Jacques Chirac et Lionel Jospin ? Des affiches ou des spots télévisés parlent-ils  mieux aux opinions déroutées et aux silences inquiets ? Ou, à l’instar des Etats-Unis, veut-on en venir aux débauches de formules lapidaires et privées de réalité, aux dénigrements faciles et aux insultes qui pimentent le spectacle?

En second lieu et encore dans le sens du sérieux et de la sérénité du débat public, le deuxième alinéa de ce même l’article L.52-1 du code électoral proscrit, durant les six mois qui précèdent le scrutin, le financement public de campagnes de promotion publicitaires vantant la réalisation ou la gestion des élus d’un territoire soumis à élection.
Ou encore, l’article L.50-1 prévoit que, pendant ces mêmes trois mois avant un scrutin, un candidat ou une liste de candidats ne peut effectuer à leur profit la publicité d’un numéro d’appel téléphonique ou télématique mis en place gratuitement par une collectivité.
Ces dispositions ont eu l’effet vertueux d’encourager, tout au long des mandats, des mises à disposition d’informations et des échanges réguliers. Les collectivités locales, au-delà de faire valoir leur identité territoriale et leurs atouts, s’efforcent de mieux communiquer avec leurs publics et de faire comprendre les rôles que leurs ont conférés décentralisation et transferts de compétences.

A s’en tenir à la promotion et à ne pas s’ouvrir à la discussion, la communication politique est terriblement réductrice de la complexité de la chose publique. En se contentant de l’affichage des politiques ou des lois, en se dispensant de rapprocher les promesses des actes, elle n’inspire plus confiance, ni ne s’avère capable d’expliquer que des engagements puissent évoluer si les circonstances l’exigent.
Les professionnels de la communication, et les agences notamment, devraient sortir leur créativité du champ de la facilité des messages publicitaires. Ils seraient bienvenus de mettre leur art au service d’une communication de relation durable entre les citoyens et le monde politique. Le cahier des charges requiert l’écoute réciproque et le dialogue, la controverse et la concertation en quête des compromis sociaux, bref le débat public d’une démocratie adulte.

Written by Pierre Zémor

avril 2nd, 2010 at 8:54 pm

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Les chemins des sondeurs sont-ils pavés de mauvaises intentions de vote ?

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Satisfaction bien tardive (au bout de quelques 30 ans) : j’ai fait prévaloir, via la Commission des sondages, une remarque à propos des intentions de vote qui occupent sans cesse la scène politico-médiatique. Comme si d’ailleurs les Français, qui s’abstiennent parfois beaucoup lors des élections, étaient en permanence pris d’irrépressibles envies de passer dans l’isoloir.

Qu’est-ce qu’une intention de vote ? Un choix entre des candidats ou des listes qu’éventuellement, à condition d’être bien disposé à l’égard d’un scrutin proposé, on se promet de faire. Mais plus tard, quand le temps sera venu de se préoccuper d’une élection… quand seront vraiment connus les enjeux et surtout clairement arrêtés les compétiteurs en lisse.
Donc, cher sondeur, repassez me voir ou rappeler-moi 9, 6, 2 semaines, voire 1 ou 2 jours avant le dimanche électoral.

Alors, auparavant, que mesurent les instituts et surtout que publient les médias, si les intentions ne sont pas encore forgées ?
Eh bien, des intérêts divers pour telle ou telle personnalité dont on verrait bien qu’elle doive ou qu’elle puisse être candidate ! Oui, il s’agit surtout de préférences de candidatures, avec en outre un léger penchant en faveur de ceux qui échappent aux idées trop bien établies des partis politiques.
La personne interrogée, dont les préoccupations du moment ne la mettent pas encore dans la peau d’un électeur, peut se prêter à jouer avec les états-majors qui testent les meilleures opportunités… mais sans engagement.

Ainsi durant toute l’année 1994, alors qu’un observateur averti pouvait déceler l’offre politique de Jacques Chirac en voie d’être mieux formée que celle d’Edouard Balladur, les sondages indiquaient des intentions de vote inverses. Les réponses des sondés avaient principalement en tête l’actualité des efforts d’Edouard Balladur et peut-être le souvenir que celui-ci avait annoncé qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle pour mieux faire son travail de Premier ministre.

Alors que les sondeurs jurent ne pas pratiquer le pronostic, leurs «instantanés photographiques d’une opinion très fluide» fournissent aux intérêts commerciaux des médias des effets d’annonces quasi quotidiens (qui s’apparentent aux commentaires d’une course hippique, selon Michel Rocard, alors ministre de l’Agriculture en charge du PMU).

La Commission des sondages différenciera probablement désormais ses exigences en fonction des périodes où l’intention de vote prend plus de réalité.

Written by Pierre Zémor

mars 18th, 2010 at 8:26 pm

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Une hésitation perverse à l’égard de la chose publique

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Revenons sur le double mouvement qui se manifeste à l’égard du politique.

Première tendance, le citoyen est mis en position de consommateur de l’action publique. Les choix étant dits restreints, le pouvoir affirme de maitriser sa conduite de la société. Le gouvernement paraît ne pas hésiter sur ce qu’il convient de faire. Une petite dose de marketing et quelques sondages permettent de prendre en considération à la marge des demandes d’ajustement de l’offre (comme le font les entreprises sur des marchés où la concurrence a la vertu de l’intérêt général pour des clients qui n’ont pas à se mêler de la stratégie).
Bref, dans ce modèle, on roule pour vous.

Deuxième tendance, le citoyen est pris à témoin de doutes existants sur certaines décisions ou orientations. On sort du modèle « superman ». Si, dans un premier temps, c’est (surtout dans une histoire monarchiste ou bonapartiste) insécurisant, la confiance peut revenir avec le parler vrai. Un parler vrai manifeste, sans faiblesse ni démagogie. Car prendre l’opinion à témoin est vite taxé de gouverner en fonction des sondages. Au contraire la pédagogie ouvre la possibilité de gouverner (non pas pour, mais) avec l’opinion.
Bref, dans ce cas, on associe des citoyens adultes.

Beaucoup plus qu’une écoute de la demande, une véritable démocratie devrait parvenir à la co-construction de l’offre politique.

Written by Pierre Zémor

mars 17th, 2010 at 8:22 pm

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Que les services publics nous considèrent comme des citoyens !

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Les Français souhaitent que les services publics les considèrent avant tout comme des citoyens (47%) – car électeurs et contribuables – plutôt qu’ils ne les regardent comme des usagers (33%) – privés du choix entre diverses offres – ou bien les séduisent comme des clients (17%) – à gagner en permanence.
Que nous dit cet extrait du sondage réalisé fin septembre 2009 par l’Institut CSA pour le 20ème anniversaire de Communication publique ?

Que la communication des institutions publiques (administrations, collectivités territoriales, missions d’utilité publique) s’égare lorsqu’elle fait appel à la métaphore (chère aux entreprises en situation concurrentielle) du « client-roi », alors qu’il s’agit de s’adresser à des citoyens (déjà frustrés de ne pas être invités à exprimer la souveraineté populaire…)

Faire entrer les services publics (donc aussi la santé, l’environnement, le savoir, la culture, voire les missions régaliennes, puis la politique elle-même) dans le moule consumériste ébranle les valeurs du respect des autres et de la solidarité, donc les bases du vivre ensemble.
On rend de plus en plus difficile l’adhésion autour de projets communs.

Il est pourtant urgent, face aux crises, face aux sectarismes, terrorismes et autres nihilismes, que la communication publique joue la carte d’une information authentique, de l’explication, de la relation de confiance pour la discussion et le débat public.
Associer aux choix publics et faire participer les individus, quelque peu égarés dans une société complexe et fragmentée, est la meilleure voie ouverte à l’intelligence collective.

Written by Pierre Zémor

mars 7th, 2010 at 8:19 pm

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