La Convention citoyenne pour le climat à l’épreuve des opinions
Une telle Convention est une avancée prometteuse pour l’élaboration d’une politique publique. La démarche adoptée, d’implication et de réflexion de 160 citoyens tirés au sort, doit permettre d’identifier et de présenter de manière compréhensible des mesures essentielles pour relever le défi climatique.
Donc pas en vase clos ! Car, mis sur la place publique, le processus délibératif s’emballe. Chacun vient y chercher la trace de ses préoccupations. Les journalistes font leur métier et n’analyse que le dessous des cartes.
L’exécutif s’interroge sur le registre à adopter : prendre en considération des propositions, les reformuler, les hiérarchiser, les ignorer, les examiner à l’aune partisane d’échéances électorales ou d’ambitions présidentielles ? Quelle est place accordée au Parlement ? Les pratiques de démocratie participative, même admis le caractère représentatif de l’échantillon, ne peuvent prétendre associer les citoyens tout en négligeant leur représentation nationale.
La Convention citoyenne est à la croisée des légitimités. Elle n’ouvre une faible partie du chemin vers la société. Grave négligence méthodologique que de n’avoir pas inclus dans son cahier des charges le choix des modes de communication devant accompagner ses travaux. Les outils ne manquent pas : enquête d’impact, analyses d’opinion, écoute des acteurs les plus concernés, des corps constitués et des corps intermédiaires, dialogues indispensables pour identifier les consensus et les points d’achoppement, pour préconiser d’éventuelles expérimentations …
Les experts en débat public, comme trop souvent les journalistes, se méfient du mot communication, certes s’il recouvre la com’ réductrice et manipulatrice. Raison de plus pour prendre les devants et faire connaitre en permanence l’état de la réflexion. Cela est apparu lors de la première concertation sur les OGM : rendu public, le travail achevé du panel a provoqué de multiples réactions et la remise en question des propositions.
Or il est en tout état de cause nécessaire d’obtenir l’adhésion sociale, surtout s’agissant d’une question comme celle du climat, où les évolutions souhaitables des comportements émergeront des travaux de la Convention.
Alors, Chère Convention citoyenne, il est temps d’appliquer à soi-même ce principe essentiel : tout projet d’une décision, que l’on veut de qualité et pérenne, doit être intimement accompagné des modalités de communication (information, discussion, concertation, négociation) attachées à sa conception, comme à sa mise en œuvre. Difficile ? Oui, mais pour se greffer sur la démocratie représentative, la démocratie participative doit être transparente, manifeste, explicite et mieux communicante.