Tu es, Michel Rocard, toujours parmi nous… *
Déjà un an que tu nous a quittés. Était-ce le bon moment pour mettre la clé sous la porte ? Au PS, certainement. Avant l’implosion et la quasi-disparition que tu avais prévues… On ne peut impunément cesser d’être un parti de gouvernement, ni exercer durablement le pouvoir sans comprendre les citoyens et dialoguer. On doit, selon une de tes expressions favorites, « dire la complexité des choses et faire appel à la lucidité des gens ».
Depuis ta disparition, la politique a connu un véritable chamboulement.
En tout juste une année, Emmanuel Macron, Inspecteur des Finances d’origine rocardienne, que tu connaissais comme porteur d’une partie de tes idées et de ta vision, mais que tu pensais encore un peu jeune, a pu s’imposer, à l’âge de 39 ans. N’avais-tu pas, en 1969, à l’occasion de l’élection présidentielle, émergé toi aussi dans l’opinion à l’âge de 39 ans ?
Lui, n’a trouvé sur son chemin qu’un Fillon château de cartes. Rien à voir avec l’obstacle, durant un tiers de siècle, d’un François Mitterrand qui s’acharnait contre la greffe de la deuxième gauche au PS. Contre la rigueur et l’imagination que tu opposais aux profondes failles du Programme commun et de l’Union de la gauche.
Après la dernière présidentielle et ses primaires, scrutins législatifs et abstentions ont clairement montré que, selon ton intuition politique, la société attendait une large information et des échanges avec…elle-même. Avec des représentants sortis de ses rangs, sans le langage codé du professionnalisme d’un microcosme politicien. Pour en finir avec les frontières et les sectarismes dressés sur des idées reçues !
Même si, pour une majorité absolue, une cause parait entendue, il faut, tant aux citoyens, qu’aux parlementaires sensés mieux les représenter, expliquer sans cesse. La légitimité de cette majorité, rajeunie, féminisée, prête à revivifier la vie politique, se méritera. Parler vrai et convaincre, oui Michel !
Créer et entretenir une relation de confiance avec la société est une exigence du respect de la démocratie.
Cette éthique de la politique tu la partageais avec Simone Veil, qui vient de te rejoindre… Vous étiez le deux personnalités les plus appréciées des Français : les chouchous des sondages des années 80 !
*Texte publié par le Journal Du Dimanche le 2.07.2017) exactement un an après le décès de Michel Rocard.
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