En 1969, à l’occasion de l’élection présidentielle, Michel Rocard se révélait à l’opinion. Il avait 39 ans.
Le rapprochement avec Emmanuel Macron ne s’arrête pas là.
Pour moi *, qui ai travaillé avec Michel Rocard – avec une intensité variable depuis fin 1960, je retrouve chez Emmanuel Macron – que j’ai croisé comme très jeune rocardien – une vive intelligence de la complexité de l’action politique, une écoute des autres et la volonté de conformer les actes aux paroles, un savoir décortiquer les défis, tant du quotidien, que de la construction européenne ou des enjeux internationaux, aussi le refus des sectarismes nés des frontières politiciennes et dès lors le souhait d’une démocratie plus proche des gens, ouverte – un marqueur de la deuxième gauche.
J’ai eu de précieux échanges avec Michel Rocard au cours de onze jours d’une croisière en Arctique dix mois avant sa disparition.
Son fort attachement au rôle des partis politiques, qui l’avait d’ailleurs conduit à des erreurs stratégiques pour son compte en 1993/94, et l’étiquette socialiste qu’il tenait à rappeler parfois, ne l’avaient pas empêché d’annoncer l’implosion du PS, provoquée, d’une part, par l’absence, en 1976 et surtout depuis 1983, d’une orientation affirmée vers la social-démocratie et, d’autre part, par l’irresponsabilité de frondeurs destructeurs du long travail auquel il avait largement contribué faisant du PS un parti de gouvernement.
Entre la mi-mai et la mi-juin 2016, il ne voyait pas comment pouvait venir un sursaut salvateur pour la gauche. Il aurait été certainement satisfait de voir écartée une droite autre que celle modérée d’Alain Juppé, certainement fort triste de voir le PS au bord de la disparition et alors certainement heureux de soutenir le parcours, inattendu et par certains aspects rocardien, d’Emmanuel Macron… vers une victoire au-delà de ses espérances.