Que répond la communication politique à la barbarie ?
Entre les 7 et 11 janvier, depuis les trois attentats d’islamistes terroristes, qui ont fait 17 morts à Charlie Hebdo, à Montrouge et dans un supermarché cacher, jusqu’à la manifestation de près de 4 millions de personnes en France, s’est déployée une vaste émotion populaire, confortée par la venue à Paris de 44 chefs d’États ou de gouvernements solidaires en indignation, protestation et en appel à la vigilance.
À part deux ou trois dérapages de com’ politicienne, égocentrés comme à l’habitude, les propos et les attitudes, notamment de la part de l’exécutif, ont eu l’authenticité de partager l’émotion.
Durant ces quelques journées, la communication politique a montré la force immédiate de la dignité. Et l’importance de la qualité de la relation avec la société civile pour tenter de se mieux comprendre.
La juste et ferme parole du Premier ministre a d’ailleurs trouvé l’écho unanime de l’Assemblée nationale.
Manuel Valls a pu surtout dire, au-delà du traitement des inquiétudes et des impatiences par l’annonce de quelques mesures immédiates, l’impérieuse nécessité de multiplier les dialogues pour faire les bonnes analyses et surmonter les obstacles du vivre ensemble… forcément dans le moyen et long terme.
Car s’il faut rallier les opinions à des valeurs communes, telle la laïcité, la communication politique doit savoir obtenir du temps.
Le temps donné aux lents changements des comportements. Aux très lentes évolutions des mentalités. Le temps des pédagogies approfondies et des discussions sereines !
Face aux peurs qu’exploite les com’ politico-médiatiques de la facilité, comment la communication politique va-t-elle savoir prendre le temps de calmer les craintes et de taire les rodomontades pour faire évoluer les idées reçues et les réflexes stéréotypés, dans la guerre d’un nouveau genre qui menace la planète ?
La classe politique et les médias professionnels sont-ils prêts à relever ce défi de civilisation, de faire une bonne place au temps, c’est-à-dire à l’autre.