Un summum de communication
Un triomphe hier soir, samedi 12 juillet, au 4e Festival de musique classique de Chambord !
Nemanja Radulovic, violoniste de 28 ans, révélé et distingué depuis 2005, a soulevé l’enthousiasme d’un public mélomane, divers et de tous âges, venu saturer les gradins installés dans la cour du château.
Ce virtuose associe, dans un même temps, une posture de soliste et des échanges intimes avec chacun des violons, alto, violoncelle et contrebasse, ces Trilles du diable, qui l’entourent. Aussi, lorsqu’il a un dialogue subtil avec la pianiste Laure Favre-Kahn, par exemple dans la sonate en la majeur de César Franck : détermination et délicatesse mêlées.
Cette aptitude à renouveler la direction d’orchestre d’une petite formation, en rapprochant son violon de chacun des autres instruments, dans des entretiens particuliers successifs, permet à Nemanja Radulovic de co-construire une empathie collective.
Il fait, d’entrée de jeu, la démonstration de cette concertation avec les luxuriantes variations de la Chaconne de la 2e Partita de J-S. Bach. Il confirme ensuite une entente cordiale avec Niccolò Paganini dans la Sonate n°12 ou dans les variations « Moses Fantasie ».
Les registres se diversifient à l’envie, tout au long du concert et lors des quatre rappels et des trois « ovations debout », depuis un flirt d’arrangement tzigane jusqu’à l’Ave Maria de Schubert.
Une leçon magistrale de communication !
D’abord, sur la scène, l’ensemble musical bénéficie d’une remarquable communication interne, non pas distillée par un chef, mais suscitée par un primus inter pares : une simplicité qu’apprécie la jeunesse des groupes de rock…
Car, en matière de communication externe, la relation avec la salle est vite établie par un brio délibérément extraverti. Disparait alors la crainte de quelques spectateurs d’un risque d’exhibitionnisme imputé à l’abondante virevoltante chevelure du violoniste, à sa gestuelle cadencée ou à ses bottines.
Le message d’une authentique sensibilité passe.
Si Nemanja Radulovic parait solliciter notre modernité, c’est pour mieux approcher la création musicale des siècles passés. Il nous dit un monde d’harmonies, de couleurs et d’émotions.
À réveiller les mânes de François 1er ou Lully !