L’Europe, avec plus de cacophonie ?
Le drapeau de notre Europe, porteuse des valeurs de la démocratie, de la paix et des droits des citoyens, est en berne !
Le message, plus que brouillé, sorti des urnes pour le Parlement européen, vient nous rappeler que la communication sur l’Europe est catastrophique et la communication de l’Europe d’une insigne pauvreté.
Depuis 45 ans en effet, a-t-on tenu en permanence au courant les citoyens des pays, constituant l’Union ou la rejoignant, des avantages et des défauts de la construction européenne ? Du rôle de ses institutions imbriquées ? A-t-on parlé régulièrement des avancées réalisées et des obstacles rencontrés ? En a-t-on annoncé et discuté les impacts sur la vie quotidienne des gens et sur leurs souhaits pour l’avenir de leurs enfants ?
Non, car la parole a été laissée aux dénigrements et aux alibis qui servent de paravents aux impuissances et aux erreurs politiques nationales. Les portes s’ouvraient de plus en plus à la démagogie, plus aisée que la pédagogie de la complexité et du compromis.
On s’est privé de la compréhension et du soutien populaires, tant pour refuser les dispositions tatillonnes et peu utiles de la Commission, que pour encourager quelques grands projets communs d’investissement et de solidarité.
Non, car les dialogues avec les seuls experts et les lobbies ont privé des relations nécessaires avec la société civile dans la plupart des pays. Un non-dit élitiste a fait office de débat public.
Lors de la Convention préparatoire au Traité constitutionnel, le Président Giscard d’Estaing, sans l’admettre dans un échange qu’il m’avait accordé, avait tenu à présenter aux Français un beau paquet, bien ficelé, dont ils se sont empressés de faire sauter les rubans pour en découvrir le contenu. Trop tard ! Après un tiers de siècle de silences, sauf à l’égard des journalistes…
Quant à la parole de l’Europe, la Fédération européenne des associations de communication publique, que j’ai créée et présidée de 2004 à 2010, n’a pu convaincre, ni plusieurs Commissaires, ni les services de la Commission, voire ceux du Parlement, qu’il était peu utile que Bruxelles s’adresse à l’ensemble des citoyens de l’Europe, dans une communication promotionnelle forcément simpliste, hormis quelques initiatives collectives culturelles ou symboliques.
Il a été proposé, mais en vain, de s’appuyer dans chaque pays sur des réseaux aptes à communiquer, concrètement dans la langue des gens, sur les orientations et les actions des institutions européennes et bien placés aussi pour faire « remonter » les opinions, les incompréhensions et les attentes de « la base ».
Mais, dira-t-on, les errements de communication ne sont que révélateurs de crises plus graves. Notamment, la classe politique, dans sa grande majorité a gardé un esprit de boutique, attaché à des enjeux essentiellement nationaux.
L’imagination pro-européenne fait défaut. Les partis politiques n’auraient-ils pas dû, pour développer un sentiment d’appartenance, examiner l’idée de voter partout, certes le même jour, mais sur des listes européennes incluant les contingents nationaux. Etc…
Formons le vœu qu’une fois la colère retombée, l’espoir retrouve une place ?