Mauvais temps pour la communication publique
Vraiment, je me sens de mauvaise humeur blogueuse.
Que de reculs, de pas en arrière ! Que reste-t-il aujourd’hui de nos avancées communicationnelles patientes et vertueuses ?
Vers une communication publique, qui informe honnêtement les citoyens, qui explique la complexité de l’organisation de la vie de la cité et de l’action publique, qui dialogue avec les usagers des services publics et qui favorise de se concerter avec les citoyens pour mieux éclairer l’offre politique ?
La communication politique, en effet, bat son plein.
Ses postures et ses messages caricaturaux occupent le devant de la scène, envahissent les médias et donnent à voir les aspects les plus régressifs du débat public.
Les vieilles recettes des publicitaires sont à l’œuvre. Plus c’est gros, mieux ça passe. Les promesses déjà faites, même non tenues, restent des promesses… à retenir. Les médias colportent les propos de campagne en se référant à l’audimat, dont les pointes signalent les brèves sorties des indifférents de leur torpeur. Le « vu à la télé » est le nouveau principe de réalité.
Qu’on parle de vous en bien ou en mal, dit Jacques Séguéla, peu importe, votre notoriété progresse.
Et mon image alors ? Pas de problème, on s’en occupe. D’ailleurs, la pub pérore encore en vous assénant quelques formules sentencieuses avec l’autorité de ceux qui ont su se vendre remarquablement… certes beaucoup mieux qu’ils n’ont su vendre leurs clients.
Mais, Jacques Séguéla doit être excusé, car il n’avait pas diagnostiqué assez tôt, en 2002, que Jospin était un mauvais produit… à l’aune bien entendu de ses savoir-faire en publicité comparative.
Peu rassurant donc en 2012, le soutien de Séguéla au produit Sarkozy ! Car il s’agit bien, foi de Jean-François Copé, de considérer le citoyen comme un consommateur de politique. Le respect dû au client, voyons, doit bénéficier au citoyen ! Le marketing n’est-il pas un remarquable instrument pour connaitre les demandes sociales et, quand on ne peut les satisfaire, pour savoir ce que les électeurs auraient simplement du plaisir à entendre ?
D’où ces messages placebo, ces lois d’affichage et ces promesses simplistes d’une démocratie d’opinion, qui s’avère incapable d’associer sérieusement les citoyens aux prises de décisions essentielles pour leur vie quotidienne et pour les générations à venir.
Décidemment, comme le projettent d’excellents films, les périodes fulgurantes de conquête de « la marche du pouvoir » viennent occulter ou réduire les temps longs de « l’exercice de l’Etat ».